Chronique :

Cela faisait un moment que je souhaitais lire la trilogie des Enchantements d'Ambremer, je me suis enfin décidée. Je ne suis pas déçue. C'est une lecture très dépaysante, pour plusieurs raisons. Petit tour d'horizon.

Nous voici donc à Paris en 1909, mais vu par Pierre Pevel. Si beaucoup de choses ressemblent à la ville telle qu'elle l'était à l'époque - les immeubles Haussmanniens, le métro, l'Exposition Universelle - et que l'on y rencontre des personnages historiques ou sortis de notre culture télévisuelle - comme le célèbre trio des Brigades du Tigre -, il y a aussi de belles différences. Quelques véhicules spéciaux, la Tour Eiffel construite en bois magique, des créatures mythologiques liées à l'OutreMonde, le pays des fées, installé en lisière de la capitale. Avec tout cela, il y a déjà de quoi faire.

Dès le début du roman, nous rencontrons plusieurs personnages qui prendront de l'importance au fil des pages. Magiciens, enchanteresse, chat volant aux capacités amusantes (mais très utiles), gnome... Pierre Pevel nous présente une jolie galerie qui perturbe un peu au départ, le temps que l'on situe tout ce beau monde dans son univers un brin décalé, et que l'on comprenne où il veut en venir. Parce que, bien entendu, les différents événements sont liés et vont finir par se rejoindre. Je m'attendais à une intrigue plus complexe pour un premier tome d'une trilogie mais, en réalité, j'ai compris le choix de l'auteur en refermant le livre. En fait, il s'agit d'une histoire à part entière. Si vous le souhaitez, vous pouvez vous arrêter à ce premier tome, vous ne serez pas frustré. L'intrigue est donc assez facile à suivre, avec les rebondissements habituels, et le lecteur prend vraiment plaisir à la découvrir et à la vivre.

Le plaisir vient aussi des personnages. Bien travaillés, décrits avec soin, ils prennent facilement place dans l'imaginaire du lecteur. Les deux héros, très british, ont une relation particulière à la fois amusante et un brin déconcertante. Ils ne s'entendent guère, mais ne peuvent se passer l'un de l'autre. Cela donne lieu à des situations aussi cocasses que croustillantes. Chacun possède des compagnons prêts à tout pour les servir, et même le chat de Griffont est suffisamment bien interprété pour que l'on s'attache à lui. Les méchants sont peut-être un brin stéréotypés, trop fades à mon goût, mais cela n'a pas trop impacté ma lecture.

Le style de Pierre Pevel est très agréable, dynamique et souvent teinté d'humour. Par moments, il interpelle le lecteur, et j'ai trouvé l'idée très bonne. Cela nous rapproche de la lecture et, utilisé avec parcimonie, fonctionne à merveille.

En bref, un bon moment de détente et une visite de Paris très particulière, qui me conduira certainement à la lecture du second tome. À noter la présence, à la fin, d'une nouvelle avec les mêmes personnages principaux.