Chronique :

Tout d’abord, je dois dire que cela fait du bien de lire un roman de science-fiction où l’auteur a pris la peine de se documenter afin de ne pas tomber dans certains travers défiant la physique et pourtant typiques du genre, comme la gravité artificielle ou les voyages subluminiques. Ici, tout est bien fait et j’ai particulièrement apprécié les détails concernant le voyage en stase. Souvent, on nous montre des gens dans des caissons et hop, le tour est joué. Les difficultés inhérentes à l’absence de mouvement et les besoins naturels du corps sont ignorés. Les corps sont refroidis et, donc, tout va bien. Dans son roman, l’auteur explique la méthode avec beaucoup de simplicité et d’intelligence, et prend également en compte que le réveil ne se fait pas en un claquement de doigt ce qui, bien entendu, va lui être utile dans son scénario.

Et celui-ci est assez simple : lors de son voyage inaugural, le Ragtime rencontre un problème inconnu. Son IA s’avère défectueuse, ce qui est théoriquement impossible, et la commandante Campion doit donc rattraper le coup. Dans un premier temps, elle semble y parvenir et obtient même l’envoi d’un duo d’enquêteurs à bord du vaisseau. Mais à peine Rasheed Fin et Salvo arrivés sur le Ragtime, la situation s’emballe et les catastrophes se succèdent. Le lecteur est balloté d’un ennui à un autre, la tension monte crescendo et aucune explication cohérente ne semble pointer le bout de son nez. Les pages défilent vite, les questions s’accumulent et la théorie d’un simple tueur ne tient pas longtemps la route. Mais alors, que se passe-t-il à bord de ce fichu vaisseau ? C’est avec l’apparition d’un nouveau personnage que nous commençons à apercevoir la lumière et j’ai bien aimé cette manière d’amener les choses, avec ce point de vue différent qui va tout éclairer d’un jour nouveau. Et dès que l’on comprend, les actions du meurtrier deviennent limpides et l’ensemble prend vraiment forme. Tant pis s’il n’y a guère de suspens à partir de là, ce n’est pas le plus important. Tout est logique, bien fait et amené avec soin, si bien que l’on profite quand même de cette fin attendue. Cela donne une autre dimension à l’histoire et les implications vont largement dépasser le cadre du vaisseau. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette histoire !

Dans un huis clos, les personnages sont très importants et ceux-ci sont bien décrits, même si j’aurais aimé en savoir plus sur certains d’entre eux. Ils ont chacun leur caractère, leur histoire et leur objectif, qui entre parfois en conflit, ce qui ne fait qu’approfondir l’intrigue. Globalement, ils manquent peut-être de peps, et l’auteur aurait pu faire davantage avec l’IA du vaisseau, me semble-t-il. Mais voilà, il a choisi un format de roman court, ce qui laisse une marge de manœuvre plus faible pour ce genre de chose.

Son style est incisif, percutant et direct, l’idéal pour un huis clos où les catastrophes s’enchaînent. Les dialogues manquent parfois de saveur et j’ai regretté la manière dont il rend le tic de langage d’un personnage qui ne cesse de dire “mmm”. À la longue, c’est agaçant. C’est bien le seul point négatif de ce roman alors, si vous aimez les huis clos spatiaux, n’hésitez pas, cette histoire est faite pour vous !