Chronique :

Cela faisait un moment que je voulais découvrir la plume de Nicolas Cluzeau alors, en découvrant ce livre chez mon bouquiniste, je n'ai pas hésité. Malheureusement, je suis sortie très mitigée de ma lecture.

Ce recueil de nouvelles est à classer fantasy, avec des inspirations nordiques intéressantes et plutôt agréables. Le lecteur suit deux héroïnes, magiciennes reconnues et respectées, qui enchaînent les enquêtes où la magie intervient, nuisant au bien commun. Le style est assez soutenu, y compris dans les dialogues, et je pense que ma gêne vient principalement de là. Non pas que je n'apprécie pas ce choix, mais ici j'ai trouvé que c'était trop, avec souvent des maladresses dans la formulation, et le fait que tous les personnages, quels qu'ils soient, parlent de la même manière, et bien je n'adhère pas du tout. 

C'est dommage car l'univers est original, bien décrit et riche. Il est clair que l'auteur a passé du temps à construire avec soin le système de magie et ce qui l'entoure, et c'est agréable, même si cela empêche souvent le lecteur de deviner d'où vient le problème et qui peuvent être les coupables. Mais cela reste logique, donc rien à redire à cet état de fait.

Le point noir de ce recueil, ce sont les très nombreuses coquilles qui ont fini par plomber ma lecture (il y a même une phrase en double !). C'est le genre de défaut sur lequel je n'arrive pas à passer, même quand l'histoire est agréable. Au-delà d'un certain point, cela me bloque réellement, je n'y peux rien.

Mais regardons les nouvelles une par une.

Erreur de jeunesse : le lecteur découvre Deirdre, fille de la thaumaturge Harmelinde, qui, pour rendre service, se retrouve piégée à cause de son bon cœur. L'histoire est sympathique et sa résolution intéressante.

L'affaire du sang ténébreux : deux notables sont assassinés, vidés de leur sang. Harmelinde et Deirdre décident d'enquêter, persuadées que la magie est à l'œuvre. Elles découvrent qu'une puissante créature a pris la famille de notables pour cible. L'histoire est intéressante, bien menée, avec un développement de la magie typique du monde originale et bien pensée.

Sage comme une image : les deux magiciennes doivent enquêter sur plusieurs meurtres touchant deux riches familles. Un terrible secret se cache dans le passé des notables et l'heure est à la vengeance. Mais qui est le coupable ? Le domaine de la magie se développe dans cette histoire et il y a vraiment de belles idées. C'est d'ailleurs l'une des seules où le coupable peut être soupçonné par le lecteur sans avoir à connaître les rouages de la magie de l'univers créé par l'auteur.

L'affaire de la forêt déménageuse : un guetteur de la forêt vient trouver les deux magiciennes pour leur soumettre un problème grave. La forêt se déplace ! Mais identifier le problème ne va pas être le plus difficile pour les héroïnes. Y remédier, par contre... Une histoire agréable avec juste une incohérence sur la fin qui m'a posé question.

L'affaire du millénaire désenchanté : la cité de Sarmes est sujette à des phénomènes inexpliqués qui ramènent la population à une vieille légende. Une divinité a offert 1 000 ans de prospérité à la cité en échange de l'âmes des habitants, à l'issue de ce délai (tiens, "le tribu de démon", Star Trek Nouvelle Génération). Harmelinde et Deirdre doivent démasquer l'imposteur et contrer ses plans. Ici, la magie se développe encore davantage et j'ai été parfois perdue dans certaines explications, peut-être trop complexes. Le final offre un combat magique épique.

L'énigme du rat-daemon : un religieux a été assassiné, alors qu'il transportait un ouvrage impie, dérobé à la bibliothèque de la cathédrale. Harmelinde et Deirdre comprennent qu'un dément tente d'appeler à lui des forces obscures et vont tout faire pour l'en empêcher. Une histoire bien menée avec un coupable facile à démasquer.

L'affaire de l'ombre dans les flammes : Harmelinde vient en aide à son neveu, accusé d'un double meurtre, à proximité d'un manoir où la magie semble se déchaîner. Les deux magiciennes vont risquer gros pour innocenter le jeune homme et rétablir l'ordre dans le manoir. Une histoire agréable, avec une situation compliquée qui va mettre en danger les deux magiciennes.

L'affaire des saveurs oniriques : le représentant des restaurateurs de la ville vient trouver Deirdre pour qu'elle découvre si le nouveau restaurant à la mode, qui draine quantité de clients, n'utilise pas des méthodes interdites pour parvenir à ses fins. La magicienne va découvrir une affaire hors normes derrière ce postulat de départ somme toute banal. Très original et bien menée, cette histoire surprend agréablement.

Le syndrome du dragon inversé : un dragon vient d'apparaître dans la région, semant un désert de glace sur son passage. Les autorités appellent les deux magiciennes à la rescousse. Le lecteur découvre ici un aspect nouveau de la magie développée par l'auteur, et c'est très intéressant. L'ensemble se lit facilement.

 

Le syndrome de Talos : la nouvelle qui m'a fait le plus tiquer. Le lecteur découvre, au début de l'histoire, que Deirdre est fiancée à l'un des personnages secondaires des autres nouvelles et qu'elle vit avec lui. La nouvelle tombe comme un cheveu sur la soupe, rien ne laissait présager un tel développement. Elle enquête, sans sa mère, sur le meurtre d'une notable, mariée à un homme qui lui a joué un vilain tour, treize ans plus tôt. Persuadée de la culpabilité de ce dernier, elle va se lancer à corps perdu dans une histoire qui la dépasse complétement... et risquer de tout perdre. L'intrigue est bien menée, même si elle est un peu courte, mais la fin aurait mérité un meilleur développement. Où va la magicienne ? Pour combien de temps ? Pourquoi sans son fiancé ?... Bref, des questions qui auraient mérité des réponses, surtout pour une nouvelle clôturant le recueil.