Winterheim, l'intégrale, Fabrice Colin
Auteur : Lauryn Libellés : Fantasy Résumé :
Il y a bien longtemps,
les Faeders et les Dragons ont décidé de ne plus s'immiscer dans
les affaires des mortels. Retirés loin de Midgard, ils ont cependant
confié à la Dame des Songes et à ses trois demi-soeurs les
Ténèbres la tâche de veiller sur les humains. Aujourd'hui, dans le
royaume de Walroek, le jeune forestier Janes Oelsen, dont les parents
n'ont jamais pu comprendre le caractère rêveur et la juvénile
impétuosité, entre en possession d'une mystérieuse carte à la
suite d'un pari. Accompagné de sa fidèle chouette Flocon, il va
partir pour le château maudit de Nartchreck où, à en croire les
légendes, repose un fabuleux trésor...
L'intégrale de J'ai lu
regroupe les trois tomes de Winterheim, à savoir :
Livre 1 : Le Fils
des Ténèbres
Livre 2 : La saison
des conquêtes
Livre 3 : La fonte
des Rêves
Cette chronique est parue pour la première fois sur Mythologica.
Chronique :
Janes Oelsen a une vie
bien tranquille, entouré de ses parents et de son frère, jusqu'au
jour où la guerre vient frapper à leur porte. Réduit en esclavage,
Janes va devenir tour-à-tour cuisinier et soldat. Mais, accusé de
meurtre, il doit fuir dans un royaume voisin, se cacher. Commence
alors une longue errance durant laquelle se dessine la trame de son
destin, une ancienne prophétie qu'il devra accomplir coûte que
coûte pour le bien du monde. Ses ennemis sont certains Faeders, les
Dieux, bien décidés à conserver leur place dans le cœur des
hommes, quitte à massacrer des millions d'innocents. Janes est
balloté de toutes parts, subissant plus qu'accomplissant sa quête,
avec la terrible certitude que le prix à payer est bien plus élevé
que ce qu'il imaginait.
Je suis restée
volontairement vague dans le résumé de l'histoire afin de ne pas
spoiler. Je n'avais pas envie de trop en dire, de peur de vous gâcher
le plaisir. Mais, pour vous donner une idée sur la construction de
l'intrigue, sachez que Fabrice Colin s'est inspiré de « L'anneau
du Nibelung », le cycle des quatre opéras de Richard Wagner.
Les livres sont d'ailleurs découpés en gros chapitres intitulés
« mouvement » afin de mieux souligner cette inspiration.
Personnellement, j'ai trouvé l'histoire bien construite, riche et
développée avec soin, même si plusieurs passages du second livre
m'ont paru assez longs et, donc, plus laborieux à lire (c'est un
phénomène plutôt classique avec les trilogies). L'ambiance est
tantôt sombre, tantôt poétique, avec toujours un voile de
tristesse conséquent : les malheurs qui frappent les différents
personnages sont en effet nombreux et la mort est souvent au
rendez-vous. C'est très prenant, vite addictif, et on tourne les
pages avec beaucoup de plaisir, plongé dans l'intensité du récit.
Il se dévore littéralement !
Le monde est donc un
mélange de fantasy et de mythologie nordique. Les hommes vivent à
Midgard, les Faeders à Asgard, et tout se construit autour de cela :
bestiaire, légendes, royaumes, etc... J'ai beaucoup aimé la
dimension que cela donne à l'histoire, c'est très fouillé sans
pour autant être barbant et, contrairement à ce que je craignais au
départ, je n'ai pas eu de mal à mémoriser les différents Faeders,
ainsi que leurs rôles et leurs objectifs. En effet, l'auteur
construit son univers pierre par pierre, patiemment et
intelligemment, ce qui laisse le temps au lecteur de se l'approprier
sans se mélanger les pinceaux. C'est vraiment très bien fait, très
bien pensé.
Le personnage de Janes
est le point central de l'histoire, celui autour duquel tout tourne.
Pour autant, ceux qui gravitent dans son entourage direct ne sont pas
moins développés, bien au contraire. Il y a une constance très
agréable dans la manière dont Fabrice Colin a traité ses
personnages, une égalité qui renforce la puissance de son récit :
chacun a un caractère approfondi au mieux, un background intéressant
et bien attaché à l'histoire (on ne se perd pas dans des intrigues
secondaires sans intérêt), des réactions cohérentes avec leur
personnalité... bref, ils ont une âme, une véritable profondeur
qui aide le lecteur à se rapprocher d'eux, à vivre – ou subir ?
– avec eux leurs différentes déboires. Même les « méchants »
sont très réussis, au point que l'on a parfois pitié d'eux.
Le style de l'auteur est
en parfaite adéquation avec son récit. Tantôt enlevé, dynamique,
poétique, voire théâtral, il rend la narration habile, maîtrisée,
et donne de l'ampleur au roman. J'ai beaucoup aimé les descriptions,
ni insuffisantes, ni trop détaillées, et moi qui n'apprécie
généralement pas les romans avec de grandes batailles, là j'ai été
bluffée. L'auteur y insuffle une force prodigieuse sans s'étaler en
descriptions sanguinolentes sur des dizaines de pages mais tout en
permettant au lecteur de bien visualiser le côté terrible de la
chose. Les chapitres filent à une vitesse incroyable, on en
redemanderait !
J'ai été toutefois
perturbée par certains éléments. Il y a des changements de temps
(passé simple puis présent) que je n'ai pas toujours compris
(présent pour un flashback, passé simple pour raconter le présent).
Dans le livre 1, il y a
une scène lors d'un repas que j'ai sauté totalement. En effet, elle
décrit les pensées de deux personnages mais de manière alternée
(une page chacun). Le problème, c'est que chaque page n'est pas
complète : pour lire la suite, il faut d'abord « sauter »
le second personnage, ce qui oblige à revenir en arrière ensuite.
Alors lire les pensées d'un personnage pour les voir s'interrompre
en plein milieu de phrase, je n'ai pas pu... erreur de pagination ?
Dans le livre 2, il y a
un passage de deux pages sans aucune ponctuation. J'ai bien compris
l'objectif, mais je n'ai pas réussi à aller au bout.
Mis à part cela, hormis
les coquilles, j'ai encore eu l'occasion de râler contre une
pratique répandue dans les livres de Fantasy française :
l'utilisation du système de mesure anglais (pieds, lieues) en lieu
et place du français. Je ne parviens toujours pas à comprendre
l'intérêt de cette pratique et, personnellement, je suis incapable
de me rappeler la conversion pied/mètre. Cela me fait butter dans ma
lecture en me demandant : mais combien ça représente, au
juste ? Très désagréable.
Des petits défauts sans
grande gravité, heureusement.
Je recommande vivement
cette saga à tous ceux qui apprécient les récits épiques, sombres
et mélancoliques, où l'auteur maltraite son héros avec un art
consommé. Venez vous régaler de la bataille entre Midgard et
Asgard, entre humains et Dieux : vous ne serez pas déçus !
Winterheim,
l'intégrale
Fabrice Colin
Éditions J'ai Lu
Couverture de Vincent
Madras
736 pages
8,90 €
2 commentaires |
Les pieds et lieues étaient aussi employés en France au moyen âge donc je pense que leur utilisation dans les livres de fantasy permet de donner un petit caractère médiéval non? ;)
Sinon j'ai lu Winterheim il y a bien longtemps (en version J'ai Lu, 3 tomes) et j'en garde un bon souvenir.