Le rebord du monde, Thomas C. Durand

Auteur : Lauryn Libellés :

 

Résumé :

La légende raconte que les détenteurs d’une magie dangereuse et incontrôlable sont envoyés dans un lieu maudit, une forteresse perdue dans les montagnes : la Chartre des Forces Nées. C’est le destin qui attend Clour, un petit garçon dont le don fait peur à sa famille et son village. Mais lorsque les portes de la prison se referment derrière lui, sa terreur se mue en perplexité.
 
Clour découvre que la communauté de la Chartre n’a rien à voir avec le mythe terrifiant qui circule. Au contraire ! Le hasard le met sur la piste d’un mystère qui pourrait bien menacer les braves gens de l’Endehors. Jusqu’où va-t-il aller pour assouvir sa curiosité ?

Chronique :

J’avais beaucoup aimé la série de Thomas C. Durand, Les énigmes de l’aube, je n’ai donc pas hésité à me lancer dans la lecture de ce one-shot. Malheureusement, cette fois, la mayonnaise n’a pas pris.

Le point de départ est pourtant très sympathique. Certains enfants naissent avec un don et, lorsque ce dernier se manifeste de manière trop évidente, les parents se débarrassent du problème en envoyant leur progéniture à la Chartre des Forces Nées, un endroit dont personne ne revient. Clour, gamin de 9 ans, a le malheur de faire partie des élus. Après avoir blessé sa sœur par accident, le voilà donc jeté sur les routes, direction la plus terrible des prisons. Il va découvrir que l’endroit n’est pas vraiment fidèle à sa réputation, mais qu’il abrite des secrets que beaucoup convoitent. Son pouvoir va à nouveau déclencher une série d’événements qu’il ne peut pas contrôler.

Le début du roman m’a beaucoup plu. Thomas, mine de rien, dresse une critique acerbe de notre société, avec comme point central le rejet de ceux qui sont différents. Il prend son temps pour mettre en place ses personnages et leur environnement, avec un soin tout particulier pour ce dernier. Nous voyageons avec Clour et nous assistons à ses premières années dans sa nouvelle vie, qu’il peine quelque peu à accepter. C’est agréable et on ne s’ennuie pas, malgré la longueur de toute cette partie. Juste un petit reproche : à aucun moment je n’ai réussi à imaginer Clour dans la peau d’un gosse de 9 ans. Il est trop mature, trop dégourdi, son langage parfois trop poussé… bref, je ne l’ai pas trouvé assez jeune. C’est d’ailleurs amusant, car j’avais eu la même sensation avec le personnage d’Anyelle dans Les énigmes de l’aube, qui elle aussi est censée avoir 9 ans. Un âge qui ne réussit pas à l’auteur, à mon avis.

Le problème, avec Le rebord du monde, ce sont les fortes disparités dans sa construction. Arrivée à plus de la moitié, alors qu’il ne s’était rien passé de particulier, je me suis dit qu’il y allait avoir un couac, puisqu’il s’agit d’un one-shot. Et ça n’a pas raté. La seconde partie, avec le début des vrais ennuis pour Clour, commence tardivement et, par contraste avec la première partie, son traitement est plus expéditif alors que la tension doit monter pour déboucher sur la partie finale. Là aussi, vu qu’il ne me restait que peu de pages, j’ai compris que j’allais être déçue. La résolution du problème est rapide, bâclée, et toute la tension qu’elle aurait dû véhiculer s’envole à cause de ce traitement trop léger. Le grand méchant, que le lecteur commençait à craindre tant il paraissait ignoble et prêt à tout pour le pouvoir, s’avère être un crétin de première qui se fait avoir d’une manière aussi stupide que brutale. La menace qui grondait sur le refuge de Clour retombe comme un soufflé mal cuit et la contrer ne s’avère pas, au final, bien compliqué. J’ai parfois eu l’impression que l’auteur avait décidé d’accélérer le rythme, peut-être en voyant grossir son manuscrit, et que l’équilibre avait ainsi été rompu.

Les personnages sont globalement assez réussis – mais je maintiens que Clour est trop jeune par rapport à la manière dont il est décrit dans le roman – et je fondais beaucoup d’espoir sur les méchants qui, malheureusement, se sont avérés très décevants. Je pensais que certains personnages auraient un rôle plus important, comme Crair, et je me dis que, peut-être, il y a trop de monde dans cette prison pour permettre un traitement en profondeur (sauf à écrire plusieurs tomes). 

Le style de l’auteur colle bien à l’ambiance du roman, notamment au niveau des descriptions, et l’on se plonge facilement dans ce monde un peu austère et particulier, puisqu’il se limite à la prison sur presque toute la durée du roman.

Bref, un roman qui démarrait bien, mais qui s’est trop emballé à mon goût, pour terminer sur un pchiittt ! décevant. 

Le rebord du monde, Thomas C. Durand
Éditions ActuSF
418 pages
20,90 €





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