Chronique :

La lecture du premier tome de La complainte des ombres remonte à deux ans, il était grand temps que je lise la suite, d'autant que j'avais beaucoup aimé ma lecture (voir ici ma chronique). Au final, je me demande si le livre n'aurait pas mérité d'être raccourci pour tenir en un seul tome. En effet, j'ai trouvé la transition entre les deux plutôt ratée, alors que du temps s'est écoulé entre mes deux lectures. Je m'explique.

Dans le premier tome, Elvin et ses amis vivent de nombreux événements - pas toujours agréables, loin de là - et le roman se termine sur un gros cliffhanger : Elvin et son meilleur ami Gaspard vont être pendus. Même si le lecteur se doute qu'ils ne vont pas mourir, il se demande aussi comment ils vont faire pour se sortir de cette situation. Le tome 2 démarre sur cette situation qui semble inextricable et la tension est à son comble. Cette partie m'a beaucoup plu. Par contre, dès qu'Elvin poursuit sa quête des mots de pouvoirs, la tension retombe pour de bon jusqu'à la fin du roman, très prévisible. Le reste du livre se consacre à la quête d'Elvin proprement dite, et cela donne quelque chose de très psychologique. Vu le thème, cela reste logique, mais je pense que raccourcir un peu ses longs passages où il ne se passe presque rien aurait pu servir le dynamisme de l'ensemble. À un moment, les échanges entre les divers personnages m'ont sérieusement agacée, non pas par leurs paroles, mais parce qu'ils ne cessent de hausser les épaules. Sans arrêt, pour un oui ou pour un non, même lorsque ça ne correspond pas à ce qu'ils disent. Sur un long passage, on ne voit que ça, et j'avoue que cela a plombé ma lecture, déjà rendue ennuyeuse par le peu d'intérêt des "événements" racontés. Même après deux ans, la transition entre les deux tomes m'a parue trop importante, et j'ai regretté les nombreuses longueurs de ce second tome.

J'ai un autre regret. Les Ombres, qui donnent pourtant leur nom au diptyque, sont très peu développées, et c'est vraiment dommage car l'idée est excellente. Je ne sais si ce choix est volontaire de la part de l'auteur, ou s'il s'est un peu perdu dans les questionnements à rallonge d'Elvin, mais quel potentiel laissé de côté !

Les personnages sont toujours une belle réussite, ils continuent à progresser, à évoluer, et le lecteur a souvent envie de filer des baffes à Elvin qui semble prendre un malin plaisir à toujours prendre la mauvaise décision. Heureusement qu'ils sont là pour donner du corps à l'histoire car, sinon, je pense que l'ensemble aurait été véritablement ennuyeux. Mise à part tous ces passages de haussement d'épaules, le texte est bien construit, avec des dialogues qui correspondent aux caractères des personnages. Je crois que, tout simplement, je ne suis pas la lectrice idéale pour le parti pris par l'auteur. Trop de psychologie et pas assez d'action ou d'événements tendus pour moi. Mais, si cela vous plaît, si les questionnements sur le temps, la mort et ce qu'on laisse derrière nous vous conviennent, vous aimerez sûrement ce roman.