Chronique :

J'avais découvert Rozenn Illiano avec son recueil de nouvelles, Le rêve du Prunellier (voir ma chronique) et je l'avais adoré. La plume de l'auteure, vraiment poétique, m'avait séduite et, lorsque j'ai découvert qu'elle sortait ce livre fantastique aux éditions Critic, j'ai craqué. Je ne le regrette pas, même s'il est écrit au présent et à la première personne (deux éléments qui, d'habitude, me font fuir).

Il s'agit des aventures d'un duo d'exorcistes - une fille mal dans sa peau et un black homosexuel - qui gagnent leur vie en chassant les fantômes des maisons qu'ils hantent. Un jour, ils acceptent de partir pour la Bretagne, exorcisé un manoir. Malheureusement, la tâche s'avère trop ardue pour leurs capacités et l'accueil mitigé des villageois n'arrange rien. Très vite, la situation leur échappe...

J'ai beaucoup apprécié la tension qui perdure tout au long du livre. L'auteure a choisi de placer des chapitres flash-back qui permettent de découvrir le vécu des anciens locataires du manoir et de mieux comprendre comment la situation en est arrivée à un point où une solution ne semble pas possible. Parfois, cela brise un peu le rythme du roman, mais rien de dramatique. Le lecteur passe d'un chapitre tendu à un autre qui l'est moins, cela fait un peu pause dans les tentatives des exorcistes de se débarrasser du problème et il attend la suite des événements avec d'autant plus d'impatience. Les pages défilent vite, je me suis posée beaucoup de questions sur le pourquoi du comment, et la chute m'a laissée un sentiment d'inachevé, comme s'il manquait quelque chose ou que l'auteure était allée beaucoup trop vite avec cette partie, alors qu'elle avait très bien géré la mise en place et la découverte de la malédiction. Pour autant, j'ai passé un bon de lecture.

Côté style, j'ai déjà dit que je n'aimais pas le présent et l'utilisation de la première personne. Ici, l'auteure a bien géré la chose, sa plume très juste et poétique m'a permis de passer sur ce blocage, sauf peut-être dans certains dialogues où la narratrice finit ses phrases en disant je mentionne ou je rétorque. Je n'avais jamais vu cette configuration et, à chaque fois, je buttais dessus. Mais l'ensemble est tellement bien écrit que je ne lui en tiens pas rigueur.

Les personnages sont bien étudiés, leur caractère transparaît bien dans le texte et l'héroïne provoque facilement la sympathie. J'ai eu plus de mal avec Isaïah, qui m'a paru un peu terne, en retrait. À la limite, certains personnages secondaires m'ont davantage impliquée dans le récit. J'aurais d'ailleurs aimer que des personnalités importantes comme Alpha ou Oxyde apparaissent davantage. Leur potentiel est très intéressant.

Bref, j'ai passé un bon moment avec ce roman et j'espère que nous aurons l'occasion de mieux découvrir certains personnages dans une suite (le sous-titre semble indiquer qu'il y en aura une). L'univers développé possède un intérêt indéniable.