Chair et tendre, Amelith Deslandes

Auteur : Lauryn Libellés : ,
Résumé :

Chair et Tendre est un véritable cabinet de monstruosités à la visite duquel Amelith Deslandes vous convie. Embarquez donc à sa suite, pour un voyage au cœur des ténèbres qui, de Venise à Anvers, vous offrira de purs moments d'épouvante. Venez découvrir ce qui se passe de l'autre côté, dans cet ailleurs improbable et pourtant tellement familier où les greffes deviennent mythiques, la curiosité, un bien mortel défaut, et où les chimères les plus folles prennent vie. Installez-vous confortablement dans vos fauteuils et préparez des nœuds coulants avec vos ceintures de sécurité. Le train fantôme se met en branle et ça va secouer !


Chronique :

J'avais déjà lu, chez le même éditeur, un petit roman d'Amelith Deslandes qui ne m'avait pas accrochée (cf. Les Résidents).  Me voici donc avec le recueil de nouvelles Chair et Tendre, une petite plongée vers l'horreur. Du moins, en théorie. Dans la pratique, le style reste trop approximatif et peu approfondi pour que l'on ressente véritablement des sentiments susceptibles de nous ébranler.
Dans la (trop) longue préface de Jacques Fuentealba, il est dit, je cite : "Rarement auteur français n'aura été aussi loin dans l'horreur. Vous qui pénétrez dans l'œuvre d'Amelith Deslandes, abandonnez toute espérance". Je ressens la forte envie de lui conseiller de lire plus d'auteurs français spécialisés dans l'horreur. Aucune comparaison possible, par exemple, avec la plume nettement plus immersive et incisive de Morgane Caussarieu.

Je vais essayer de mieux illustrer mon propos en citant un passage, alors que le personnage vient d'arriver à son hôtel de Venise :
"Le choc esthétique enduré fut tel qu'il lui fallut toute la journée du lendemain pour s'en remettre."
Pourquoi ? Qu'est-ce qui a pu provoquer pareil choc ? (une journée pour s'en remettre, ça n'est pas rien, tout de même ! Et ce n'est pas dire que le personnage en question vient d'un pays à la culture si éloignée...). Aucune explication, aucun détail, on passe à la suite. Je suis peut-être difficile, mais c'est ce genre de manque qui me dérange ou, du moins, provoque une distance désagréable avec l'histoire. Et ces raccourcis sont légion, malheureusement...

Mais regardons le contenu de plus près :

Chair et tendre : Philéas vit reclus dans son appartement depuis qu'il a acquis une bien étrange boîte. Ses voisins s'inquiètent de la situation car il vit avec sa fille, qu'ils n'ont pas vue depuis longtemps. Un récit gore qui manque souvent de détails descriptifs pour être véritablement immersif (élément qui m'a déjà dérangée dans le roman du même auteur). Du coup, l'horreur reste hors de portée, laissant le lecteur entre deux eaux.

Chemin de croix : un homme ère dans un labyrinthe où toutes les pièces se ressemblent, illustration de sa folie. Typiquement le genre de récit pseudo-psychologique que je déteste.

Mutilations mondaines : un homme veut ouvrir les yeux du monde sur l'inutilité des stars en leur prélevant un organe qui leur ôte tout intérêt. L'idée de départ est sympathique mais la chute, ultra-rapide, casse complétement son intérêt. Vraiment dommage.

Maudit soit le jour : les vies pour le moins chaotiques de plusieurs Adam, liés par un terrible secret. Une histoire attirante, qui aurait tiré un grand bénéfice d'une atmosphère plus sombre.

Chroniques des égarés : le destin de six hommes autour des ruines d'une étrange cité. Assez longue, cette nouvelle m'a laissée franchement dubitative : le récit est divisé en six parties (une pour chaque personnage) sans que rien ne vienne les réunir à la fin. Du coup, j'en suis ressortie avec une tonne de questions et un énorme sentiment d'inachevé.

Une dernière nuit à Venise : un photographe effectue un voyage à Venise, voyage qui va prendre une tournure particulière. Récit étrange, où certains éléments ont dû m'échapper puisque je n'ai pas compris la fin.

La venelle fantôme : Fenig, étudiant en architecture, est envoyé dans la ville de B. pour le sujet de sa thèse. Une ville bien étrange où même les bâtiments semblent ne pas vouloir tenir en place. Une histoire sympathique, avec d'excellentes idées.

Ce que femme veut... : une femme prend de multiples identités, changeant à chaque fois de psychologie et d'histoire, pour commettre des crimes sanglants. Je n'ai pas du tout accroché au traitement du récit.

La maison-tranchoir : seconde nouvelle, avec "La venelle fantôme", où il est question des greffes mythiques. J'ai trouvé l'idée intéressante et bien amenée.

Les échos clandestins : Naëlle, jeune femme douée d'une bonne mémoire spatiale, est embauchée par un vieil original qui lui expose des faits pour le moins étonnants. Cette longue nouvelle, justement, l'est trop. Les événements traînent trop en longueur, avec des dialogues parfois assommants, et j'en suis venue à sauter certains passages.

Les nuits captives : une jeune femme instable utilise une bien étrange commode pour recueillir les cauchemars qu'elle provoque chez ses voisins. Une très bonne idée, bien traitée et, cette fois, sur une longueur parfaitement adaptée. Ma préférée, avec "La venelle fantôme".

L'éternelle demeure : un marchand d'art veut acquérir un maximum d'objets ayant pour modèle Helly Decade, une célébrité tout juste suicidée. Lorsqu'un peintre propose de lui vendre un tableau très particulier, il fonce tête baissée. Un récit gore, avec une bonne idée de fond, et bien traitée.

Globalement, je dois me rendre à l'évidence : je n'accroche pas au style de l'auteur. Pas assez immersif, il me laisse trop souvent au bord du chemin. Ayant déjà tenté le format roman, je ne pense pas que j'essaierai de relire quelque chose de lui.

À noter, comme pour les autres epubs de cet éditeur, des défauts récurrents. Avec, en prime pour celui-ci, une couverture qui ne s'affiche pas et un autre problème, très ennuyeux celui-là : les nouvelles se suivent sans aucune séparation. Les titres de chaque nouvelle sont absents, les différents textes se suivent donc sans interruption. À 5 euros l'epub, c'est tout de même dommage...

Chair et tendre, Amelith Deslandes
Éditions La Madolière
142 pages
17 euros pour la version papier ; 4,99 euros en epub
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