L'Homme de demain, Les Artistes Fous Associés
Auteur : Lauryn Libellés : Nouvelles / Novellas, Science-Fiction
Présentation :
Lectrices, lecteurs, vous tenez le destin de l'humanité entre vos mains !
À défaut de vous en lire les lignes, Les Artistes Fous Associés jouent les Nostradamus à l'occasion de leur quatrième anthologie, dédiée au futur de l’homme (et de l’Homme). 16 auteur(e)s venus de toute la francophonie, débutants comme confirmés, vous proposent leurs prophéties, entre lendemains qui chantent et lendemains qui déchantent... De l’utopie au cauchemar.
À défaut de vous en lire les lignes, Les Artistes Fous Associés jouent les Nostradamus à l'occasion de leur quatrième anthologie, dédiée au futur de l’homme (et de l’Homme). 16 auteur(e)s venus de toute la francophonie, débutants comme confirmés, vous proposent leurs prophéties, entre lendemains qui chantent et lendemains qui déchantent... De l’utopie au cauchemar.
Chronique :
J'avais déjà lu et chroniqué deux anthologies des Artistes Fous Associés (Fin(s) du monde et Folie(s)) et, à chaque fois, je me suis heurtée à un déséquilibre fâcheux entre les textes, que ce soit au niveau de la qualité ou de la taille. Pour moi, l'harmonie est importante pour une anthologie, même si l'on considère qu'elle permet de découvrir de nouveaux auteurs tout en profitant de la plume assurée d'auteurs déjà habitués à l'exercice. Il y a, à mon sens, un certain équilibre à respecter et, de ce point de vue, les anthologies des Artistes Fous Associés m'ont déçue, y compris avec cet Homme de demain.
Côté qualité, j'ai adoré certains textes (Paradise4, Maison close et Caraville) tandis que d'autres m'ont laissée de marbre, voire m'ont forcée à abandonner ma lecture à cause d'un ennui profond. Au final, je ressors de ma lecture plutôt frustrée, avec un certain sentiment d'inachevé, et je pense que cette impression est renforcée par le fait que les textes que j'ai appréciés se situent au début et ceux que je n'ai pas aimé à la fin (pour tout vous dire, je n'ai pas fini aucun des trois derniers). Le thème était pourtant très accrocheur pour moi... d'autant plus dommage !
Passons en revue les différents textes :
La frontière des rêves : la réalité augmentée a pris une part importante dans la vie des hommes, part qui augmente à chaque nouvelle mise à jour d'Omn-IA. Jusqu'où ira son emprise ? N'est-il pas déjà trop tard pour faire machine arrière ? Je découvre Tesha Garisaki via cette nouvelle. J'aime son style direct et efficace et la manière dont elle a traité ce sujet épineux même si, à mon sens, il manque un passage important pour donner à la nouvelle toute sa force (il n'y a aucune description de ce qu'il se passe lorsque l'héroïne se retrouve déconnectée de l'Omn-IA).
Vintage Porn Star : l'acte sexuel est devenu sujet tabou. Lorsqu'un projectionniste stagiaire décide de mettre son grain de sel, la société en frémit d'avance. Une nouvelle originale, au style qui manque encore de maturité. J'ai bien aimé l'ensemble, même si je ne suis vraiment pas fan des récits au présent.
Paradise4 : une grave maladie touche une part importante de la population. À chaque naissance, le principal motif d'inquiétude du couple est de savoir si son enfant sera porteur ou non. Dans un futur sombre, presque entièrement dénué d'espoir, Émilie nous raconte l'histoire d'un couple prêt à tout pour offrir un avenir à son enfant. Un récit sobre, efficace, qui va droit à l'essentiel.
Maison close : les robots sont monnaie courante dans la vie des humains. Pour s'assurer de leur bonne tenue, ces derniers ont d'ailleurs poussé leur perfection jusqu'à les rendre sensible à certains désirs typiquement humains, comme le plaisir. Dans cette nouvelle osée à plus d'un titre Neil Jomunsi nous invite à suivre les derniers instants d'un robot aux dernières volontés plutôt coquines. Un texte à la fois délicat et puissant qui pose la question de la limite séparant l'homme de la machine. Excellent !
Ergo sumus : un savant fou, apprenant sa stérilité, met au point un plan audacieux pour contourner le drame qui le touche. Cette nouvelle, racontée à la première personne, ne m'a pas séduite. Je n'ai pas réussi à me plonger dans l'histoire, peut-être à cause du récit du narrateur (le savant fou) qui m'a semblé trop froid, trop distant pour vraiment happer le lecteur.
Caraville : Furette et sa famille crapahutent tant bien que mal à bord de leur automaison sur la Route, suivant inlassablement d'autres familles comme la leur. Ils ne peuvent pas, ne doivent pas s'écarter de cette routine, sous peine de mourir. Une idée originale, un récit propre, efficace et cohérent avec le thème, une atmosphère oppressante et parfois violente. Ma nouvelle préférée !
Le cœur sous la cloche : dans un monde contaminé, une fillette tente de vivre sa vie malgré tout. Un récit sombre, dénué d'espoir, dont j'ai eu un peu de mal à saisir le sens exact de la scène finale. Pour une fois, j'aurai bien aimé que cette dernière soit un poil plus longue !
Les Héritiers : sur une Terre abandonnée par les hommes, le seul humain non-augmenté tente de trouver sa place, malgré sa différence. Une belle démonstration d'Anthony Boulanger, habitué de la S.F.
La musique des sphères : les descendants de l'humanité, transformés par la technologie et la génétique, sont devenus des voyageurs des étoiles, solitaires et un peu perdus. Le sujet est sympathique mais je me suis plutôt ennuyée dans ce récit dont j'ai eu du mal à cerner l'objectif.
Poogle Man : à nouveau une nouvelle sur la réalité augmentée avec, ici, un petit plus. Même les souvenirs échappent à leurs propriétaires. L'idée est sympathique, le récit plutôt agréable, mais la mise en page particulière est très désagréable en numérique (les notes de bas de page, réunies en fin de chapitre, sont tout bonnement insupportables... la plupart n'ont aucun intérêt pour le récit, alors lorsqu'il faut les faire défiler une par une pour accéder à la suite de la nouvelle... argh !).
L'absurde et très courte histoire de l'homme qui voulait monter dans la hiérarchie : micro-nouvelle (2 pages) dans le style de Fredric Brown... sauf que là, ça tombe à plat.
Changez d'air : un homme se persuade, du jour au lendemain, que l'air qu'il respire va le tuer. Il décide de s'équiper d'un système qui apporte de l'air pur dans sa maison, moyennant la moitié de son salaire. Une nouvelle qui traite d'un sujet qui frôle l'absurde, tout en montrant bien les dérives de notre société. Intéressant.
La vengeance du XIXe siècle : dans le futur, la guerre a mutilé une jeune femme qui s'équipe d'une prothèse du XIXe siècle. Lorsqu'elle sent son corps devenir plus fort grâce à elle, elle n'hésite pas à s’amputer pour poursuivre sa transformation. Une nouvelle assez sympathique, même si le style mérite encore de mûrir.
Patrino : une symbiose s'est instaurée entre les Villes et leurs habitants. Lorsque ces dernières sont menacées de surpopulation, la solution de la naissance d'une nouvelle Ville semble la seule solution. Je n'ai accroché ni au style, froid et sans vie, ni à l'histoire de cette nouvelle. Très vite, le ton m'a ennuyé, mise à l'écart du récit, et j'ai fini par abandonner, chose rare chez moi !
Moisson : les hommes sont descendus à la base de la pyramide alimentaire. Je n'ai pas du tout adhéré au style, ni au récit que j'ai trouvé brouillon, désagréable. J'ai abandonné avant la fin, pourtant cette nouvelle n'est pas très longue.
Les enfants de nos enfants : avant d'arriver à cette nouvelle, j'étais satisfaite de la répartition en terme de taille dans l'anthologie. Cela s'est gâté avec ce texte de Southeast Jones, qui cumule 57 pages et traite de l'évolution. Et, le moins que l'on puisse dire, c'est que la longueur dessert la vivacité du texte. Les informations de la première partie, certes utiles pour comprendre le contexte, ne permettent pas d'éveiller l'intérêt du lecteur suffisamment vite. Bilan : la machine s'enraille et l'on s'ennuie avant de véritablement attaquer la partie intéressante du récit. Comme pour les précédentes, je n'ai pas réussi à la finir.
Si le début de l'anthologie m'a en partie séduite, la fin m'a beaucoup frustrée. Je ne pense pas avoir déjà lu une anthologie dont je n'ai pas réussi à finir plusieurs textes. C'est la première fois et, du fait qu'ils se suivent, l'effet s'en ressent d'autant plus. Je ne pense pas que je lirai d'autres anthologies des Artistes Fous, je crois qu'il est clair que leurs choix en matière de texte ne me conviennent pas. Les goûts et les couleurs !
L'Homme de demain, Les Artistes Fous Associés
280 pages
13 euros en version papier
Gratuit en numérique
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