Lord Peter et l'inconnu, Dorothy L. Sayers
Auteur : Lauryn Libellés : Policier
Résumé :
Lord Peter Wimsey s'apprête à partir à une vente de livres anciens lorsque sa mère, la duchesse de Denver, l'appelle. Bien qu'elle considère le hobby de son fils – l'investigation criminelle – comme une lubie, elle lui demande de venir en aide à un ami. Ce dernier a trouvé le corps d'un inconnu dans sa baignoire, ne portant sur lui qu'un pince-nez... Lord Peter s'empare de l'affaire et ne tarde pas à faire le rapprochement avec la disparition soudaine d'un banquier influent. Mais quel serait le lien avec l'inconnu de la baignoire ?
Chronique :
Le Masque réédite ici un roman datant
de 1923 qui fut, en 1972, adapté pour la radio. De par ses
spécificités, il remporta un vif succès et se transforma en saga,
intitulée Lord Peter Wimsey Mysteries.
Mr Thipps, architecte de son état, découvre un cadavre nu dans sa baignoire, ne portant sur lui qu'un pince-nez. La duchesse de Denver, qui a fait appel à ses services pour restaurer le toit d'une église, n'hésite pas un instant et demande à son fils d'aider le pauvre homme, bientôt accusé de meurtre. Lord Peter entre en scène et, très vite, voit une seconde affaire croiser la sienne : la disparition d'un banquier influent de la City. Aidé par son ami l'inspecteur Parker, il tente de démêler cet écheveau complexe où les détails extravagants ne manquent pas.
Si certains romans policiers souffrent de longueurs dues à une intrigue trop alambiquée, ce n'est pas le cas ici. L'auteur réussit à impliquer fortement le lecteur dans l'enquête en lui faisant découvrir chaque piste et chaque déduction en même temps que le héros, ce qui donne une agréable fluidité à l'ensemble. Les pages se tournent rapidement, la réflexion s'intensifie, les pièces du puzzle s'assemblent et, tout comme Lord Peter, le lecteur découvre l'identité du coupable. Ne reste plus, alors, que le final qui, là aussi, sort un peu de l'ordinaire. En effet, le dernier chapitre est raconté du point de vue de l'assassin : il explique le comment et le pourquoi. Et, après l'enquête pure, ce chapitre apparaît comme une conclusion tout en finesse, donnant au lecteur-enquêteur les quelques informations qui lui manquent pour bien comprendre les motivations du meurtrier. Une façon de faire que je n'avais jamais rencontrée avant et qui s'avère très plaisante, beaucoup plus immersif qu'un roman classique.
Les personnages sont, sans conteste, le point fort de ce roman. Lord Peter, second fils du duc de Denver, bibliophile invétéré, traumatisé par la Première Guerre Mondiale, est un dandy à l'humour caustique qui cache un caractère complexe, parfois torturé. Il est merveilleusement secondé par Bunter, son majordome et ancien compagnon d'armes qui, lui, voue une passion à la photographie et à ces applications judiciaires. Ce dernier incarne pleinement le côté so-british – il ne laissera jamais son maître sortir avec un pantalon tâché, même pour une urgence – et complète donc à merveille le tableau déjà coloré de la vie du Lord. Car la mère de Peter, la duchesse de Denver, est aussi une perle, dans son genre. Très attachée à son fils, véritable pipelette que rien n'arrête, attentive à tous les cancans qui animent la vie sociale de l'Angleterre, elle s'avère une mine d'informations précieuse pour Peter. Toutes ses apparitions donnent lieu à des dialogues savoureux sans paraître pour autant inutiles.
Viennent s'ajouter les deux policiers, l'inspecteur Parker et Sugg. Si l'un est intelligent et réfléchi, l'autre est volontiers bête et fonceur. Le premier est l'ami de Peter, le second un adversaire obtus. Mais là aussi, l'utilisation de ces deux personnages policiers sort un peu des sentiers battus : Parker a un rôle prépondérant tandis que Sugg n'apparaît qu'en arrière-plan, servant juste de prétexte à Peter pour plaisanter et soupirer face à son incompétence. Cela ne choque pas, bien au contraire, car Sugg peut difficilement se montrer plus intrusif dans les enquêtes du Lord, de part sa position sociale.
L'histoire est servie par un style dynamique qui fait la part belle aux dialogues. C'est un choix volontaire de l'auteur qui, ainsi, partage à chaud tous les éléments de l'intrigue et permet au lecteur d'enquêter en même temps que Peter. En fait, on se croirait volontiers dans le costume du Lord. Un vrai plaisir ! Ces dialogues, teintés d'humour, rendent aussi parfaitement le style de l'époque et dépeignent à merveille l'upperclass des années 1920, si bien que l'on s'y croirait. Une immersion totale, donc, qui ne devrait pas déplaire même à ceux qui ne sont pas très branchés dialogues.
Bref, les aventures de Lord Peter sont à la fois trépidantes et prenantes, avec cette dose d'humour parfaitement maîtrisée qui donne aux personnages une profondeur indéniable. Le lecteur en sortira avec, à n'en pas douter, l'envie de se replonger dans une enquête aux côtés de Peter.
En fin d'ouvrage, l'oncle du Lord écrit quelques pages sur son neveu, ce qui permet de découvrir des éléments intéressants de son passé.
Mr Thipps, architecte de son état, découvre un cadavre nu dans sa baignoire, ne portant sur lui qu'un pince-nez. La duchesse de Denver, qui a fait appel à ses services pour restaurer le toit d'une église, n'hésite pas un instant et demande à son fils d'aider le pauvre homme, bientôt accusé de meurtre. Lord Peter entre en scène et, très vite, voit une seconde affaire croiser la sienne : la disparition d'un banquier influent de la City. Aidé par son ami l'inspecteur Parker, il tente de démêler cet écheveau complexe où les détails extravagants ne manquent pas.
Si certains romans policiers souffrent de longueurs dues à une intrigue trop alambiquée, ce n'est pas le cas ici. L'auteur réussit à impliquer fortement le lecteur dans l'enquête en lui faisant découvrir chaque piste et chaque déduction en même temps que le héros, ce qui donne une agréable fluidité à l'ensemble. Les pages se tournent rapidement, la réflexion s'intensifie, les pièces du puzzle s'assemblent et, tout comme Lord Peter, le lecteur découvre l'identité du coupable. Ne reste plus, alors, que le final qui, là aussi, sort un peu de l'ordinaire. En effet, le dernier chapitre est raconté du point de vue de l'assassin : il explique le comment et le pourquoi. Et, après l'enquête pure, ce chapitre apparaît comme une conclusion tout en finesse, donnant au lecteur-enquêteur les quelques informations qui lui manquent pour bien comprendre les motivations du meurtrier. Une façon de faire que je n'avais jamais rencontrée avant et qui s'avère très plaisante, beaucoup plus immersif qu'un roman classique.
Les personnages sont, sans conteste, le point fort de ce roman. Lord Peter, second fils du duc de Denver, bibliophile invétéré, traumatisé par la Première Guerre Mondiale, est un dandy à l'humour caustique qui cache un caractère complexe, parfois torturé. Il est merveilleusement secondé par Bunter, son majordome et ancien compagnon d'armes qui, lui, voue une passion à la photographie et à ces applications judiciaires. Ce dernier incarne pleinement le côté so-british – il ne laissera jamais son maître sortir avec un pantalon tâché, même pour une urgence – et complète donc à merveille le tableau déjà coloré de la vie du Lord. Car la mère de Peter, la duchesse de Denver, est aussi une perle, dans son genre. Très attachée à son fils, véritable pipelette que rien n'arrête, attentive à tous les cancans qui animent la vie sociale de l'Angleterre, elle s'avère une mine d'informations précieuse pour Peter. Toutes ses apparitions donnent lieu à des dialogues savoureux sans paraître pour autant inutiles.
Viennent s'ajouter les deux policiers, l'inspecteur Parker et Sugg. Si l'un est intelligent et réfléchi, l'autre est volontiers bête et fonceur. Le premier est l'ami de Peter, le second un adversaire obtus. Mais là aussi, l'utilisation de ces deux personnages policiers sort un peu des sentiers battus : Parker a un rôle prépondérant tandis que Sugg n'apparaît qu'en arrière-plan, servant juste de prétexte à Peter pour plaisanter et soupirer face à son incompétence. Cela ne choque pas, bien au contraire, car Sugg peut difficilement se montrer plus intrusif dans les enquêtes du Lord, de part sa position sociale.
L'histoire est servie par un style dynamique qui fait la part belle aux dialogues. C'est un choix volontaire de l'auteur qui, ainsi, partage à chaud tous les éléments de l'intrigue et permet au lecteur d'enquêter en même temps que Peter. En fait, on se croirait volontiers dans le costume du Lord. Un vrai plaisir ! Ces dialogues, teintés d'humour, rendent aussi parfaitement le style de l'époque et dépeignent à merveille l'upperclass des années 1920, si bien que l'on s'y croirait. Une immersion totale, donc, qui ne devrait pas déplaire même à ceux qui ne sont pas très branchés dialogues.
Bref, les aventures de Lord Peter sont à la fois trépidantes et prenantes, avec cette dose d'humour parfaitement maîtrisée qui donne aux personnages une profondeur indéniable. Le lecteur en sortira avec, à n'en pas douter, l'envie de se replonger dans une enquête aux côtés de Peter.
En fin d'ouvrage, l'oncle du Lord écrit quelques pages sur son neveu, ce qui permet de découvrir des éléments intéressants de son passé.
Lord Peter et l'inconnu, Dorothy L. Sayers
Éditions du Masque
310 pages
6,90 euros
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