La Cité Noire, Thomas John
Auteur : Lauryn Libellés : Fantasy
Résumé :
Une cité régie par des sorciers aux
pouvoirs déclinants. Une cité où toutes les sept nuits, lorsque
les lunes se confondent, la mort hante les rues et emporte les
défunts. Une cité d'aventures épiques, d'amours et de mort. Quel
est donc le mystère de la Cité Noire ? Perdus au milieu de ses
complots, Ao, Perceron et Kroll parviendront-ils à survivre ?
Chronique :
Commençons par ce qui se voit au
premier coup d'œil : la couverture. Elle est magnifique,
parfaitement en accord avec l'ambiance du roman. J'adore l'œuvre de
Pascal Quidault, qui a aussi réalisé des portraits des héros que
l'on peut voir au dos du livre. Il travaille essentiellement sur
ordinateur et ses illustrations sont de toute beauté.
J'avoue que j'attendais beaucoup de ce
roman (trop ?) de par les nombreux commentaires positifs rencontrés
sur la toile. Et, globalement, j'avoue avoir été déçue. Pour
plusieurs raisons, que je vais essayer d'expliquer clairement, ce qui
n'est pas toujours évident.
Tout d'abord, l'histoire. Elle est
basée sur une intrigue politique à laquelle se retrouvent mêlés
différents personnages qui n'ont pas, au départ, de raisons d'y
participer : Perceron, comédien, Kroll et Ao, élevés ensemble
mais brouillés après un accident.
Elle est assez classique, mais bien
décrite, et l'on se laisse volontiers embarquer dans les différents
complots qu'elle recèle. Le problème – du moins, avec moi –
vient de la construction du roman. L'auteur commence par présenter
chaque personnage dans son milieu d'origine, ce qui est très
sympathique, mais de manière si détaillée qu'il s'écoule un long
moment entre chaque « épisode » dédié à chacun (70
pages, ça fait vraiment beaucoup). J'ai alors eu du mal à
m'accrocher à eux, à les apprécier, d'autant qu'ils ont parfois
des réactions bizarres. En clair, j'ai trouvé que l'on ne rentrait
pas assez vite dans l'intrigue principale et qu'une autre méthode de
narration aurait certainement apporté beaucoup au roman. J'ai
commencé à entrer dans l'histoire vers la page 115. Dommage
car, bien entendu, connaître le passé des protagonistes est
important... mais la construction m'a vraiment perturbée, peut-être
par manque d'habitude ? Je n'ai pas lu beaucoup d'ouvrages où
ce choix était fait, ou alors il s'écoulait moins de temps entre
chaque passage (pas plus d'une vingtaine de pages).
L'action proprement dite démarre à
mi-parcours de l'ouvrage, avec de très nombreuses scènes d'action à
la fin. De ce côté-là, il s'agit d'une construction somme toute
classique en Fantasy.
L'univers est ce qui m'a le plus
intéressée ou, plus précisément, la Cité Noire. La ville est le
véritable intérêt du roman (pour moi, s'entend) et son ambiance
glauque amène forcément l'imaginaire à travailler sur le passé de
cette dernière, les secrets qu'elle a enterrée sous ses puissantes
fondations. Car oui, une autre cité existe sous la première.
Un vestige qui attise toutes sortes de convoitises et qui sera le
point d'orgue de cette première partie.
Les personnages m'ont laissée
sceptique, je dois bien l'avouer. Perceron, qui passe bien vite de
l'intelligence à la stupidité ; Ao la jeune aveugle qui tombe
amoureuse aux premiers compliments d'un inconnu et qui change
d'humeur comme de chemise... en fait, j'ai trouvé mieux réussis les
personnages secondaires comme les Maraudeurs. Les héros prennent
certes plus d'ampleur sur la fin, lorsqu'ils sont réunis, mais je
demeure plus attachée à Kroll dont le caractère est réaliste et
bien rendu, ainsi qu'à Leen, dont je ne dirai rien de plus afin de
ne pas spoiler l'histoire. Même le marchand Payot, au rôle assez
mineur, m'a paru mieux intégré que les deux premiers personnages
cités.
Le style de l'auteur m'a dérangé par
ses lourdeurs régulières : phrases alambiquées, adjectifs,
tournures étranges... « s'offrir un sommeil du juste »,
« il l'observait s'éloigner », etc. Mais, surtout,
l'emploi régulier du verbe ahaner. Je ne le rencontre que
très rarement dans mes lectures, et jamais plus d'une fois
par roman, ce qui est tant mieux : il est laid, lourdingue,
surtout conjugué à la troisième personne du passé simple. J'ai
buté dessus à chaque fois et j'avoue que cela m'a agacée. Je sais,
vous allez me trouver difficile, mais je suis comme ça : j'aime
quand ça coule tout seul. Fluidité rime souvent avec simplicité et
j'ai toujours du mal à comprendre l'association faite entre style
détaillé et lourdeurs qui en découlent. Les descriptions peuvent
être bien travaillées sans toutefois souffrir de ce genre de chose.
Mais ce n'est que mon ressenti... Bref, s'il y a un certain
dynamisme, il a pour moi été terni par ce choix de style.
Autre bémol (minime, mais je préfère
le dire) : l'expression des tailles en pieds. Cela donne un
certain cachet ancien, certes, mais demande au lecteur de
connaître la valeur d'un pied et la gymnastique mentale de la
conversation qui s'en suit. N'étant pas branchée chiffres, j'avoue
avoir eu de la peine à retenir autre chose que il est grand,
il est petit. Comme je suis du genre à apprécier les
détails, cela m'a quelque peu dérangée (eh oui, encore...).
Donc, pour finir, un livre qui m'a
laissée sur ma faim. J'attendais beaucoup plus du phénomène de
Lunardente, de la magie, et des personnages principaux. Peut-être la
suite sera-t-elle plus centrée sur cela, mais je m'attends davantage
– vu la fin de l'histoire – à la continuité de l'intrigue
politique. Du coup, je me demande si je poursuivrais l'aventure...
La
Cité Noire, Thomas
John
Éditions Asgard
592 pages
Éditions Asgard
592 pages
23,00
€
Note : le tome 2, De sang et de larmes, est sorti mais il est probable que le tome 3 ne voit jamais le jour.
2 commentaires |
J'allais te dire "mais c'est une traduction" sauf que non, j'ai vu que l'auteur est bien français ^^;